La communication telle que pratiquée en Guinée: mes 5 années d’observation I Ousmane Bangoura

Tu es journaliste ou communicant ? « Quelle différence entre la Communication et le Journalisme ? »

Cette question est inévitable dans les écoles de communication et de journalisme. Loin même de celle-ci, les observateurs passionnés mais parfois éloignés de ces deux domaines de « l’information » se posent également la même question.

Je ne tente pas de faire un distinguo dans cet écrit. Ne vous y attendez pas donc. Je veux juste apporter quelques orientations aux jeunes fraîchement sortis des écoles de communication ou encore des ‘’experts’’ proclamés ou autoproclamés qui s’étonnent de voir les journalistes ou d’autres licenciés à la tête des services de communication dans les institutions, entreprises, sociétés etc.  

Trois questions m’ont taraudé l’esprit pour me lancer dans cette modeste réflexion :  comment le métier de la communication fonctionne-t-elle en Guinée ? Comment devrait-il fonctionner ? et Pourquoi fonctionne-t-il ainsi ?  

Dès le début de cette contribution, je trouve important de préciser que la communication n’est pas une propriété disciplinaire. Elle n’est pas un métier réservé à un secte d’intellectuels ayant lu et relu les pensées les plus éloquentes des auteurs les plus influents de leurs époques.

Tout d’abord, la communication est liée à l’existence humaine. Sans rien inventer, Paul Watzlawick soutiendra à travers l’école de Palo Alto : « On ne peut ne pas communiquer ». A Rudi Brunchez de rajouter que : Tout est interprétable, tout est interprété, tout est communication. Même le refus de communiquer est une forme de communication. Cela soutient que l’homme, depuis son existence, communique. 

Des co-auteurs de ‘’Théorie mathématicienne de la communication » Claude Shannon et Waren Weaver tous mathématiciens présentés comme « pères fondateurs » de la théorie de l’information » en passant par Gregory Bateson, Anthropologue et Paul Watzlawick Psychologue, fondateurs de l’école de Palo Alto, on se rend à l’évidence que même les précurseurs, si je peux me le permettre, de la communication n’étaient pas « communicants » à la base. Ils s’étaient réinventés !

La communication est donc comme tout autre métier qui s’apprend et qui peut s’apprendre par qui se donne la volonté et les moyens. Elle n’est pas fermée ! Elle peut s’apprendre à l’école tout comme sur le terrain. L’expérience n’est pas la somme de ce qu’on lit et retient, mais ce qu’on fait et refait au quotidien et au fil du temps.

Aussi important que soit le niveau d’un spécialiste de communication, il est très prétentieux pour lui de vouloir piloter tout seul, l’image d’une institution, d’une marque d’entreprise et de produits. C’est pourquoi on parle de la cellule ou de l’unité de communication. C’EST UNE ÉQUIPE !

La communication n’a pas une place de choix, juste un service d’appui au budget souvent imprévu…

La cellule de communication est un laboratoire de stratégies, une mosaïque de compétences dont on ne finira jamais de citer toutes les composantes. Être chargé(e) de communication implique la coordination d’une équipe mixte : rédacteurs, analystes, sémiologues, infographes, photographes, vidéastes etc. L’entretien de toutes ces compétences implique de sérieux coûts financiers. Une autre explication de la cherté de la communication.

Dans un pays comme la Guinée où la communication est réduite à une simple information, les structures publiques, institutions… trouveront trop coûteux, l’entretien de tout ce personnel. Ne pouvant supporter tout ce personnel, les entreprises doivent-elles renoncer au service de communication où se chercher d’autres alternatives ?

Le plus court chemin est de miser sur les compétences techniques fondées essentiellement sur la capacité rédactionnelle et la prise de vues (photos et vidéos). A cela s’ajoutent les talents de monteur et d’infographe. Les patrons priorisent alors les « hommes à tout faire » car la communication n’est qu’un service d’appui chez nous. Sans même de budget parfois.  

Dès son recrutement, le/la chargé(e) de Communication est aussitôt équipé(e) d’une caméra et d’un ordinateur. Pour les patrons éloignés du domaine, le besoin de communication se limite à la prise des photos, vidéos et la rédaction des articles (souvent le compte rendu).

Techniquement, les journalistes dont le quotidien est essentiellement lié à la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, se révèlent plus proches de ces besoins. Se démarquant ainsi des communicants qui ne sont souvent armés que de théorie.

Ce qu’il faut retenir : la communication au sens de notre pays ne se limite pas à l’élaboration d’une stratégie assortie d’un plan budgétisé. Le/la Responsable de Com doit élargir sa connaissance dans la maitrise des outils de mise en pratique de son propre plan. Les patrons veulent LE TOUT EN UN même s’ils ne paient pas souvent bien.

La valeur de la communication étant connue selon le contexte de notre pays, le communicant doit-il s’adapter au terrain ou c’est plutôt au terrain de s’adapter au communicant ?

Ousmane Bangoura, Journaliste Reporter d’Images, Marketeur Digital, Producteur contenus digitaux

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